dimanche 30 janvier 2011

Le secret

Cas de conscience
Un secret total, jusqu’au début de 1980, entourait un dossier d’adoption. La mère donnante était assurée de la confidentialité absolue de sa démarche. Jamais son identité ne serait révélée et elle ne connaîtrait jamais le sort de son enfant. La famille adoptive savait que jamais les parents biologiques ne débarqueraient, à l’improviste, chez elle.

Au début des années 1980, sous la pression des mouvements tels Les Retrouvailles, le gouvernement du Québec amenda le Code Civil et permit la divulgation du dossier à certaines conditions : la mère biologique, le père aussi s’il était connu, consentait, par écrit, à donner accès au dossier à son enfant biologique majeur, s’il le demandait. À défaut de ce consentement le dossier demeurait scellé. L’enfant majeur pouvait mêmement consentir à être mis en contact avec eux si les parents biologiques le recherchaient. Sans ce consentement, l’accès était refusé.

Depuis toujours nous avions assuré nos clientes et clients de l’inviolabilité de leur secret. Pour nous ce fut un choc…et un cas de conscience, mais nous n’avions pas le choix. Il échut à ma direction de bâtir les outils pour permettre ces recherches et je me chargeai de leur expérimentation. C’est ainsi qu’un bon matin une mignonne adolescente de 19 ans débarqua dans mon bureau. Elle cherchait sa mère. Le mouvement Retrouvailles avait épuisé ses ressources et l’avait référée à l’agence de sa région.

Elle savait déjà être née à la Miséricorde et avoir été confiée au Service Social diocésain de St-Jérôme. J’avais en main les dossiers de St-Jérôme. Je lui dis que je chercherais et que je lui en reparlerais en temps et lieu…mais d’être patiente. L’intervenante au dossier travaillait encore dans la région. Notre rencontre fut difficile. Elle refusait de collaborer car elle considérait violer la confiance mise en elle par la mère…et je la comprenais, n’étant pas, moi-même, très à l’aise avec cette nouvelle loi.

Via les archives j’ai trouvé le dossier, ils sont conservés cent ans. Les documents étaient succints et des détails semblaient étranges. Quelque chose ne faisait pas de sens. Après vérification des dates au dossier et de certaines mentions quant au milieu d’origine de la mère je suis retourné voir l’intervenante. Elle m’apprit alors que les dossiers de l’agence du temps étaient systématiquement falsifiés pour confondre les chercheurs indiscrets et préserver la confidentialité. Elle m’indiqua pourtant que l’occupation du père de la mère biologique était exact…mais pas l’endroit où il l’exerçait. « J’en ai assez dit, j’en ai déjà trop dit » et elle mit fin à notre rencontre.

Ce détail m’ouvrit la voie malgré tout. Dates, occupation du père, genre d’activité exercée, J’avais quelques pièces du puzzle. Fallait trouver les autres. Finalement en causant avec des gens qui connaissaient bien le milieu et son histoire, en identifiant les entreprises semblables à celle du père de la mère et leur localisation, j’ai pu cerner une entreprise, un chef d’entreprise, retracer sa famille et établir qu’il avait une fille dont l’âge correspondrait à celui de la mère biologique recherchée. Une femme du même nom habitait encore à l’endroit mentionné dans le dossier d’adoption.

La partie délicate commençait : la prise de contact. Après réflexion et consultation de mes collègues, j’ai opté pour une lettre enregistrée, ou recommandée comme on dit maintenant, avec reçu de réception. La lettre n’est jamais revenue et le reçu m’a été remis. J’avais vu juste…mais, manifestement, la personne ne consentait pas à la divulgation car elle ne répondit pas à mon appel.

J’ai dû avouer à la jeune fille en larme que le secret devait être maintenu.



jeudi 20 janvier 2011

Le doute

Debout devant le chevalet garni d’une toile vierge, le peintre contemple le vide en taquinant son menton de l’extrémité de l’ente de son pinceau. Formes et couleurs se bousculent dans son cerveau en gestation. Lentement le projet prend forme, notre artiste n’est pas, cela se sent, un automatiste. Il a besoin, avant de donner le premier coup de pinceau, de voir l’œuvre dans sa tête.

Plus la scène se précise, plus l’angoisse l’envahit. Jamais il ne pourra élaborer ce bleu si intense, reproduire cette lumière dorée de l’hiver, lumière chaude et froide à la fois. Cet arbre dénudé aux formes un peu obscènes dans leur dépouillement constitue un défi insurmontable à ses yeux. Ces personnages anonymes sous leurs chauds vêtements, aux figures cachées derrière d’épais cache-nez, comment leur donner forme humaine sans trahir le froid qui les transit?

Page blanche de l’écrivain, toile blanche du peintre, même doute, même angoisse, même sueurs froides. L’artiste le sait, la production finie ne sera jamais celle qu’il avait entrevue. Pourtant, il se lance, trait après trait sa déception prend forme, son mécontentement, sa grogne s’amplifient. Cette croûte immonde ne vaut pas d’être vue. Il va la détruire…quand entre, dans l’atelier, un visiteur inattendu qui s’exclame : « Quelle beauté, quelle richesse de coloris, est-elle à vendre? »

Paul Costopoulos, mercredi, 19 janvier 2011

vendredi 7 janvier 2011

Bloguer?

Un récent échange sur “Through a glass darkly” portait sur les blogs et leurs auteurs. Je me suis dis : « mais qu’est-ce que je fais là? » J’ai donc réfléchi sur le cheminement qui m’a conduit à Blogland.

À l’automne 2008, dans le cadre du McGill Institute for Learning in Retirement, J’ai participé aux discussions d’un groupe portant sur les « World Events ». Neil McKenty, un ancien commentateur radio était aussi membre du groupe. Un jour, il nous parla de son blog et nous communiqua son URL. Curieux, j’ai été faire un tour sur son blog. J’y suis retourné plusieurs fois et je me suis enhardi jusqu’à écrire un commentaire.

Au fil des visites j’ai découvert the Commentator et à travers lui Man of Roma où j’ai trouvé Sixty Five What Now? Rosaria m’a amené à Jenny et à plusieurs autres. De blog en blog, de commentaires en commentaires j’apprivoisais le medium. Un jour, MoR me dit : « Je serais curieux de lire ton blog, pourquoi n’en commences-tu pas un? » La question m’a fait réfléchir.

La grande variété des blogueurs et blogueuses et leurs styles si différents permettaient beaucoup de souplesse dans le domaine. Pourtant j’hésitais. La plupart des écrivains se spécialisaient soit en histoire, en politique, en poésie, en sociologie, certains abordaient même les sciences et les mathématiques. Qu’est ce que pauvre petit moi, spécialiste en rien, j’irais faire sur cette planète-là?

Je me suis dit : « Tu y mettras bien ce que tu voudras. La salade de fruits, c’est excellent et bon pour la santé ». Depuis bientôt deux ansje vais donc où le vent me pousse et J’en suis fort heureux. Un autre avantage, outre exprimer ce qui me passe par la tête, j’ai découvert tout un réseau de gens très intéressants, vous les trouverez dans la marge droite de mon site.

De plus tous les blogs étaient en langue anglaise. Quelqu’un lirait-il un blog francophone. Après réflexion, j’ai opté pour la langue qui me viendrait à ce moment-là et l’alternance français/anglais. Mes amis-lecteurs m’ont répondu dans la langue la plus familière pour eux…même, occasionnellement, en italien.

Je les salue tous et les remercie de me laisser errer sur leur site.