mercredi 9 juin 2010

Prose

Chaud/Froid

(inspiré d'Automne) 

Le malheur des uns fait le bonheur des autres



(Automne, ouvre de Pierrette Prairie « Panda»,  Montréal 2009, collection Costopoulos)


Le soleil levant et froid de l’automne ne parvenait plus à réchauffer l’écorce des grands arbres.  Les dernières feuilles tombées, heureusement, formaient tapis et leur réchauffaient les pieds.  La majorité des oiseaux les avaient désertés et plus aucun pépiement ne s’échappait des nids vides et désolés.  Ce matin, la forêt se drapait vraiment de silence.
La sève hésitait à quitter la chaleur des racines de crainte de geler et de faire éclater les fragiles brindilles annonciatrices de la pousse du lointain printemps.  Pourtant les arbres auraient bien apprécié un peu de sa chaleur et de sa vivacité.  Ils se résignaient, cependant, conscients du danger  et désireux de voir avril et ses bourgeons.
Au loin, une masse grise se dessina.  Bientôt elle masqua le soleil et l’air, curieusement, devint un poil plus chaud.  Un léger espoir se fit jour dans la flore, le secours arrivait.  Paresseusement les flocons valsèrent dans le ciel et vinrent, gracieusement, se poser sur les branches nues.  La couche s’épaississant, une douce chaleur envahit la végétation maintenant couverte du proverbial blanc manteau.
Pendant que les humains se désolaient de retourner à leurs pelles, les arbres se réjouissaient d’être protégés de la froidure.
Paul Costopoulos, vendredi, 4 juin 2010