jeudi 11 février 2010

Satire politique

Just figured I'd have some fun, breaking sugar on the back of our municipal politicians.  One or two things may be impossible to translate automatically...sorry.
La transparence
Paul Costopoulos, mardi, 9 février 2010
Mme Ella Labine, nouvelle mairesse de St-Éloigné-de-la Grande-Plaine,  avait promis, si la population l’honorait de sa confiance, d’introduire la transparence dans les affaires municipales.  On ne savait trop la signification du mot, mais Mme Labine était pesante, à plus d’un titre, et on l’avait élu, par prudence.  Ce soir là, première réunion du nouveau conseil; tout le village, 80 âmes, sans compter les femmes et les enfants, y était.
Le chroniqueur municipal du journal local, La Commère Hebdo,  M. Geai  Lenezfourrépartout, s’était procuré un beau stylo tout neuf et un bloc-notes sans symboles politiques.  Par la porte arrière de la salle paroissiale, le conseil entra comme en procession, après tout la salle c’était aussi le lieu du culte et ils sortaient de la sacristie. 
Mme la mairesse prit la parole : «Mes chers concitoyens, comme vous le savez notre beau village connaît une situation dramatique.  Lors de la dernière squall[1], notre corde à virer le vent s’est rompue.  Vu la force des vents dans la région, de toute urgence, y faut la remplacer.  À souère on va regarder les soumissions, pis on va décider ensemble, icitte, devant vous autres.»  Là-dessus elle frappa de son maillet sur sa table pour faire taire les autres dans la salle.
Trois soumissions avaient été déposées.  La compagnie Un Brin de Folie, la firme Vire-à-l’Envers et  le Groupe J’Peux-Tout.   Si les deux premiers soumissionnaires étaient bien connus, le troisième, inconnu, suscitait la méfiance.  Des six conseillers, trois favorisaient Un brin de Folie et trois optaient pour Vire-à-l’Envers.  De part et d’autre, le financement de leurs campagnes, sans l’avouer publiquement,  pesait lourd dans la balance.
Après plusieurs votes nuls, Mme Labine toute débinée à l’idée de trancher par son vote, demanda : «C’est quoi  là le problème?»  Dans la salle, le père Jean Névudautres, leva la main.  On lui donna la parole : « Mame le maire, le problème, c’est la transparence.  C’est ben beau là vot’affaire, mais vous vouyez ben qu’ça mène à rien.  Demandez  don  un vote secret, les peureux pis les  quêteux auront pu peur pis on va aboutir, cré yé.»
Devant la sagesse, la profondeur de ces remarques et le respect dû au doyen de la paroisse,  Mme la mairesse demanda au greffier de préparer le vote.  Il consulta le code municipal, s’assura d’avoir les formulaires idoines… et l’on procéda.  Après dépouillement du scrutin, il se leva et annonça solennellement :
 «  Un Brin de Folie, une voix, Vire-à-l’Envers, une voix, J’Peux-Tout, quatre voix».
Un murmure parcourut la salle.  Mme la mairesse alloua le contrat à J’Peux-Tout et demanda s’il y avait un représentant de l’entreprise dans la salle?  Toutes les têtes se tournèrent.  À leur immense surprise, ils virent, tout souriant, se lever Yé Fu, le fils du buandier chinois du village.


[1] Squall: tempête de vent, terme marin.

dimanche 7 février 2010

About integration.

L’Importé

(Paul Costopoulos, mardi, 26 janvier 2010)
Les espoirs de 1945 étaient, pour la première fois, regroupés dans la salle d’étude d’Éléments-Syntaxe-Méthode.  Le supérieur du collège leur souhaitait la bienvenue soulignant leur chance d’avoir été choisis parmi les fils de la classe ouvrière pour appartenir aux élites de demain.  Fondé en 1933, le collège avait pour mission de donner accès aux fils de familles moins fortunées au cours classique  porte d’entrée privilégiée des hautes sphères intellectuelles, sociales, religieuses et politiques (le monde des affaires? Pas dans le portrait).
Étrennant ces bancs et les réchauffant pour les trois prochaines années, cent un garçons avaient hâte qu’il finisse pour aller explorer ce nouvel univers.  Tous, sauf trois, provenaient de familles supposément pure-laine.  Ces trois avaient une mère canadienne-française (c’est comme ça qu’on disait dans le temps) mais des pères immigrants syrien, ukrainien et grec.  Un quatrième ne s’en vantait pas mais son nom français cachait une mère américaine et une langue maternelle anglaise; il se fondait donc dans la masse.
Bientôt le racisme montra le bout de son nez.  Tout d’abord, on les ignora ces trois importés.  Puis des petites remarques du genre : « D’où tu viens? »  Plus subtile encore : « Quand tu retournes chez-vous? »  Un peu plus agressif : « Ton père vole les jobs de nos pères! »  Un jour, à la cafétéria, le grec demande qu’on lui passe le sucre, S.V.P., avec un air de dédain, son vis-à-vis, R.V., lui dit : « J’ai pas à passer le sucre à un maudit grec comme toé ».  Avec une agilité et une énergie qu’il s’ignorait, en une fraction de seconde, le 
« maudit grec » avait sauté par-dessus la table et tenait le pure-laine à la gorge.  Il fallut six paires de mains et un professeur pour lui faire lâcher la boule de laine affalée inconsciente sur le plancher.
Explications fournies, enquête complétée, R.V. eût une retenue de deux heures le jeudi suivant, le grec fut sérieusement averti de ne plus recommencer.  Il s’en suivit une trêve, mais pas la paix.  Les succès du grec faisaient grincer des dents et la place qu’il prenait dans les activités extracurriculaires portait ombrage à ceux qui se croyaient, du droit du premier occupant, seuls à devoir accéder aux responsabilités d’organisation.  Un jour, un de ses rares alliés l’avisa qu’un groupe se préparait à le mettre à sa place le mardi midi suivant.  Mardi et jeudi après-midi, congé, les gars s’attardaient souvent autour du collège.  Ce mardi matin, le grec remit au supérieur du collège une enveloppe cachetée.  Il mit le supérieur au courant de ce qui se préparait et lui demanda, s’il lui arrivait quelque chose d’ouvrir la lettre, sinon qu’il la détruise.
Ce midi-là, près de l’église St-Alphonse, le grec se trouva cerné par une quinzaine de gars, dont le syrien, sans se démonter il leur laissa savoir qu’une enveloppe contenant tous leurs noms étaient entre les mains du supérieur et il leur dit : « Maintenant faites ce que vous voudrez, moi, je ne bouge pas ».  À ce moment précis, un hasard?, un prof passa par là et demanda si tout allait bien.  Le groupe se dispersa aussitôt.  Pour le reste de son cours, le grec, s’il ne fut pas universellement aimé fut, à tout le moins, craint et respecté.