jeudi 18 mars 2010

Diableries

Diable!!!!

«The devil  is in the details» aiment dire nos amis anglais.  (Bon, j’ai, déjà, en accolant  «ami» et «anglais» mis un Québécois sur trois en beau diable).  En ces temps de mondialisation et de globalité, tout le monde regarde des ensembles, des touts, plus personne ne se soucie des détails.  Voilà bien  pourquoi  le diable semble avoir disparu du paysage.
C’est diablement commode  pour nos consciences facilement culpabilisées de victimes de nos diverses religions.   Pourtant, point n’est nécessaire d’«aller au diable vauvert, au diable vert» comme on dit ici, pour trouver des traces de Béelzebuth.  Nous vivons à un «train d’enfer» et nous «envoyons au diable» ceux dont nous ne sommes pas contents.
D’un repas particulièrement savoureux nous dirons : «c’était bon en diable».  Pensez à l’Harpagon des Fourberies de Scapin  de Molière gémissant, en parlant de son fils : « mais que diable allait-il faire dans cette galère?»  Nous parlons des «diableries »   de nos chers anges et de leurs copains, nous ornons nos temples de symboles démoniaques, de gorgones et autres manifestations méphistophéliques, mais nous clamons haut et fort : «Le diable n’est plus.»
Comme pour nos chers petits, c’est peut-être quand on ne les entend pas qu’il faut le plus aller voir ce qu’il se passe?
Paul  Costopoulos, mercredi, 10 mars 2010
                                                                                             


Fidélité?

Transfuges et vire-capots


La présentation de Michèle et l’enthousiasme de Jean au sujet de Pierre-Esprit Radisson m’ont amené à réfléchir sur le phénomène des changements d’allégeances au Québec.  La tradition remonte loin dans le temps, Radisson le démontre amplement.  La constance et la fidélité ne seraient- elles que de l’entêtement, un refus du changement?
Je ne veux pas ici parler de divorces, de défroquages ou d’adultères, là n’est pas mon propos et ces questions sont d’un autre ordre.  Non je veux parler politique.  Les fluctuations de Radisson viennent de la politique économique et sociale de son époque et de leur répercussion sur son intérêt personnel.  Mutatis mutandis  nos politiciens s’inscrivent dans la même ligne de pensée.
Maurice Duplessis, dans l’Union Nationale, avait recueilli nombre de libéraux et de conservateurs mécontents, il nous a gouvernés pendant 20 ans.  Notre grand Trudeau, d’accord ou pas, est passé du NPD au parti Libéral car il affirmait qu’il fallait qu’il soit au pouvoir pour faire passer ses idées.  Monsieur de LaPalisse n’eût pas dit mieux.
Mario Dumont s’était vu mettre au rancart les recommandations de son groupe allairiste, il claque la porte et fonde l’Action démocratique.  Jean Charest se mue de ministre conservateur sous Mulroney,  et candidat défait à la succession de ce dernier,  en sauveur du parti Libéral du Québec  et prend le pouvoir.  Le même Mulroney voit un autre de ses ministres, Lucien Bouchard fonder le Bloc Québécois, pourtant social-démocrate donc  pas très conservateur.  Il est vrai qu’il s’est réincarné en lucide depuis quelque temps.
Même moi, mes sympathies vont au NPD…mais je vote libéral par désespoir; J’aime bien l’option sociale-démocrate du P.Q., (en reste-t-il encore des bribes?), mais pas la souveraineté;  j’ai en horreur le conservatisme de l’ADQ…donc, là aussi, par défaut, je vote libéral.   Je vote ainsi car, pour moi, en régime vraiment démocratique, l’abstention n’est pas une option valable.  Sous Duplessis, l’abstention favorisait grandement le vote des cimetières.
Quelqu’un veut-il fonder un parti social-démocrate avec un programme  raisonnablement crédible et proche des gens, loin de la dichotomie fédéraliste/souverainiste?  Il aura mon vote.
Paul  Costopoulos, mercredi, 10 mars 2010

Spititualité?

Et cum spiritu tuo !

Juillet 1946, les combats armés ont cessé, la Guerre Froide commence. J'ai 15 ans, au lac Gémont, tout est paix et beauté. La nuit s'est installée. Pas de lune ... mais des myriades d'étoiles. Cette lumière bleutée et diffuse nous révèle des formes jamais vues auparavant. Quatre ou cinq verchères, cinq ou six adolescents efflanqués à leur bord respectif, sont immobiles sur le miroir de l'eau. Seuls, les bois-pourrie rompent le silence, chacune de leur vocalise saluant la fin d'un ennuyeux moustique.
L'abbé Séguin, homme plein de ressources, avait connecté un phonographe portatif à des accumulateurs de voiture et nous avait amenés sur le lac pour un concert sous les étoiles: au programme, ce soir là, la symphonie Pastorale de Beethoven. La musique fusa soudain. Les bois-pourrie cessèrent de chasser. Pas un son, sauf la musique. Troisième mouvement, allegro, la flûte imite un oiseau. À proximité de nos chaloupes, un huard répond, dans le ton. Trois fois il reprend la note avec le musicien.
Sensiblerie adolescente, peut-être, à cet instant, le lac, les chaloupes, la musique, l'oiseau, les étoiles, mes compagnons, moi-même, tout ne formait qu'une seule entité et Dieu était là, souriant. Nous étions la nature et l'éternité, en totale communion. Doucement, la musique s'est éteinte et, en silence, nous sommes rentrés au quai. Ce soir-là, la prière du soir n'avait jamais été chantée avec autant de ferveur. Pas un mot ne fut échangé avant de nous endormir.
Paul Costopoulos, lundi 15 mars 2010
Extrait, adapté et corrigé d’un texte de juillet 1998.  Original rédigé en anglais.