samedi 18 février 2012

Orchid's progess

Thought you would be interested by our winter garden's progress.  Two more buttons seem to be ready to bloom.


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vendredi 10 février 2012

Our Winter garden


Yes, Thérèse has nurtured the orchid and African violets plants back to a flowering stage.  First time in 46 years.  These ones had been dormant for several months, of course we did not tell them it was winter outside.
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mardi 7 février 2012

Grand Canyon



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La Complainte de Rio Colorado


“N’ai-je donc blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en jour flétris tant de lauriers? »
Corneille, Le Cid (Don Diègue)

Voici un peu plus de dix-sept millions d’années, je naissais, fièr torrent, dans les hauts cols des Rocheuses en plein soulèvement.  Mon impétuosité eût tôt fait de m’ouvrir un chemin à travers le sol jusqu’au golfe qui ne s’appelait pas encore « de Californie ».
Je coulais des jours heureux quand, il y a environ douze mille ans, les bipèdes humains se sont installés sur mes rives.  Au début, tout alla plutôt bien.  Peu nombreux, ils me respectaient, moi, mes habitants sous-marins et les animaux qui venaient s’abreuver à mes eaux.
Vers l’an 1500, d’autres bipèdes humains arrivèrent, vêtus de cottes de mailles, armés de pied en cap et lançant le feu au bout de longs bâtons.  Dès ce moment les choses se gâtèrent.  Très rapidement plus nombreux, ils pillèrent mes ressources, entravèrent mon cours et puisèrent mon eau pour toute sorte de choses  que notre Mère Terre n’avait jamais prévues.
J’avais bien réussi, au cours des millénaires, à me protéger un peu en creusant de profondes tranchées au fond desquelles je me cachais.   Peine perdue, ils réussissaient toujours à me rejoindre.  Plus, un jour, ils conçurent un truc appelé « électricité ».  Pour la produire, un peu partout dans mes gorges,  ils construisirent d’immenses barrières où ils installèrent d’énormes trucs qui produisaient des étincelles et, paraît-il, de l’électricité.
Ces bipèdes formèrent des groupes, puis des villages qui devinrent des villes avec des usines et des égouts et des aqueducs.  Pour ces villes et les campagnes qui les nourrissaient, ils puisèrent de plus en plus d’eau; avec l’eau retenue derrière leurs barrages, J’avais de moins en moins d’eau dans mon lit.  L’humeur de notre Mère la Terre s’en échauffa et mon eau s’évapora encore plus vite, surtout que les bipèdes, par toutes leurs activités et leur pollution, contribuaient aussi à ce réchauffement d’humeur.
Je ne suis plus qu’un pauvre fleuve, mâté, dompté, presque asséché, ou en voie de le devenir, et je m’épuise avant d’arriver au bout de mon cours.  Je n’ai plus de nouvelles du Golfe de Californie, puisqu’il paraît qu’il s’appelle, maintenant, comme ça.
Porte-parole : Paul Costopoulos, jeudi, 2 février 2012