Just figured I'd have some fun, breaking sugar on the back of our municipal politicians. One or two things may be impossible to translate automatically...sorry.
La transparence
Paul Costopoulos, mardi, 9 février 2010
Mme Ella Labine, nouvelle mairesse de St-Éloigné-de-la Grande-Plaine, avait promis, si la population l’honorait de sa confiance, d’introduire la transparence dans les affaires municipales. On ne savait trop la signification du mot, mais Mme Labine était pesante, à plus d’un titre, et on l’avait élu, par prudence. Ce soir là, première réunion du nouveau conseil; tout le village, 80 âmes, sans compter les femmes et les enfants, y était.
Le chroniqueur municipal du journal local, La Commère Hebdo, M. Geai Lenezfourrépartout, s’était procuré un beau stylo tout neuf et un bloc-notes sans symboles politiques. Par la porte arrière de la salle paroissiale, le conseil entra comme en procession, après tout la salle c’était aussi le lieu du culte et ils sortaient de la sacristie.
Mme la mairesse prit la parole : «Mes chers concitoyens, comme vous le savez notre beau village connaît une situation dramatique. Lors de la dernière squall[1], notre corde à virer le vent s’est rompue. Vu la force des vents dans la région, de toute urgence, y faut la remplacer. À souère on va regarder les soumissions, pis on va décider ensemble, icitte, devant vous autres.» Là-dessus elle frappa de son maillet sur sa table pour faire taire les autres dans la salle.
Trois soumissions avaient été déposées. La compagnie Un Brin de Folie, la firme Vire-à-l’Envers et le Groupe J’Peux-Tout. Si les deux premiers soumissionnaires étaient bien connus, le troisième, inconnu, suscitait la méfiance. Des six conseillers, trois favorisaient Un brin de Folie et trois optaient pour Vire-à-l’Envers. De part et d’autre, le financement de leurs campagnes, sans l’avouer publiquement, pesait lourd dans la balance.
Après plusieurs votes nuls, Mme Labine toute débinée à l’idée de trancher par son vote, demanda : «C’est quoi là le problème?» Dans la salle, le père Jean Névudautres, leva la main. On lui donna la parole : « Mame le maire, le problème, c’est la transparence. C’est ben beau là vot’affaire, mais vous vouyez ben qu’ça mène à rien. Demandez don un vote secret, les peureux pis les quêteux auront pu peur pis on va aboutir, cré yé.»
Devant la sagesse, la profondeur de ces remarques et le respect dû au doyen de la paroisse, Mme la mairesse demanda au greffier de préparer le vote. Il consulta le code municipal, s’assura d’avoir les formulaires idoines… et l’on procéda. Après dépouillement du scrutin, il se leva et annonça solennellement :
« Un Brin de Folie, une voix, Vire-à-l’Envers, une voix, J’Peux-Tout, quatre voix».
Un murmure parcourut la salle. Mme la mairesse alloua le contrat à J’Peux-Tout et demanda s’il y avait un représentant de l’entreprise dans la salle? Toutes les têtes se tournèrent. À leur immense surprise, ils virent, tout souriant, se lever Yé Fu, le fils du buandier chinois du village.