jeudi 14 juin 2012

Heureux qui, comme Ulysse,...


Vacances 2012


3 Juin-  En mer, quelque part entre Venise et Bari :  le voyage Montréal Venise s'est très bien passé, pas de bébé braillard, avion A330 réaménagé avec place pour les jambes entre les sièges, quelle aubaine.  Un peu de turbulences mais ce n'était pas pire qu'en autobus sur Roland-Therrien.
À la sortie du port de Venise, nous avons eu la surprise de voir le navire se faufiler parmi les maisons sur un canal qui ressemblait plus à une rue qu'à une voie maritime, étonnant;
Thérèse, qui prenait sa douche, a manqué ça.
Notre table, à la salle à manger « The King and I » est l`ONU : deux Floridiennes, un couple de Beijing, un couple de Johannesburg, elle very british et lui afrikan.  Premier contact très positif.
Thérèse, mater omnium afflictorum, a aidé la pauvre madame chinoise à faire comprendre son désarroi alimentaire.  La chef des serveurs,  Mme Mara Ferreira a fait venir une interprète chinoise...et la Madame a eu un menu écrit en chinois;  la Royal s'occupe vraiment de ses passagers.  (Thé : La pauvre dame était désorientée même face aux ustensiles occidentaux, habituée qu'elle est aux bâtons.   Je dois dire qu'elle  a su se servir de son couteau et de sa fourchette que je ne me suis jamais habituée aux bâtonnets!!!  Je vais mettre une note pour  dire ma reconnaissance  et mon appréciation de la rapide intervention si efficace de la superviseure.)
Nous serons à Bari dans deux heures et nous irons visiter les Pouilles.

La visite des Pouilles s'est avérée plutôt intéressante.  Autobus confortable, guide aborigène évidemment passionnée pour sa région et paysages à vous couper le souffle.  Le plus spectaculaire nous était réservé pour le retour.  Juste avant Putignano la route arrive sur une corniche surplombant une plaine verdoyante avec la mer au bout, une vue absolument époustouflante, malheureusement, pas de belvédère, pas de place pour stattionner un autobus....donc, pas de photo, juste une image inoubliable et difficile à décrire dans toute sa splendeur.
À Polignano, nous avons visité la masseria Papaperta et se sTrulli, des drôles de constructions à toit conique et entièrement faites de moellons.  Façon très ancienne et typique de la région.  La légende veut qu'un baron du douzième siècle ait fait construire ainsi les maisons de ses paysans pour leur éviter de payer une taxe au roi.  Au faîte de chaque maison se trouvait une grosse roche, la clef de voûte, il suffisait d'enlever cette roche et tout s'écroulait;  quand le collecteur de taxe royal arrivait, les paysans pouvaient affirmer n'avoir pas de maison, donc pas de taxe à payer.  La coutume s'est maintenue et on trouve encore des maisons de cette forme en Apulie...moins la roche pour les faire s'écrouler.

 Et à la découverte de lointains cousins


4 juin , Kerkyra (Corfou):  Nous voici, officiellement, en Grèce.  Cette nuit, j'ai mal dormi, j'ai rêvé à Pascal Yacouvakis, notre M. Météo, et à la rencontre  de lointains cousins .  À l'arrivée sur Corfou je me sentais content...et inquiet à cause de mon ignorance du grec mais je n'ai pas eu à dire mon nom, je n'ai pu vérifier si j'aurai à expliquer, comme avec les Grecs du Canada,  mon ignorance de cette langue.  Il me reste donc une petite inquiétude.

La visite de l'ile fut très agréable et notre guide, qui a vécu à Montréal et parle le français, était intéressante et très patriote, comme il se doit par les temps difficiles que traverse la Grèce.  Nous avons découvert une île de toute beauté avec une histoire passionnante et très liée à l'Iliade et à Ulysse.  Comme lui, nous faisons un beau voyage mais, heureusement, moins mouvementé.  (Thé:les paysages époustouflants sont devenus un peu frustrants parce qu'il nous était impossible de les photographier, aucun belvédère où nous arrêter... et les fenêtres de l'autobus étaient embuées...)

Nous avons visité la Maison Mavromatis où se fabriquent toutes sortes de produits à base de qumquat, un fruit chinois cultivé sur Kerkyra depuis 1825 lors de son implantation par le gouverneur anglais du territoire désormais sous protectorat britannique.  L’île renferme aussi une autre anomalie : un canon russe pris par l'armée de Napoléon et abandonné dans l’île par l'armée française lors de la chutes de l'Empire.

Parlant de Mavromatis, il y a deux semaines, à Montréal, une poétesse a publié un recueil de ses poèmes: Maria Mavromatis; n'habitons-nous pas un pays merveilleux?

Hier soir, «formal dinner», nos voisines de table m'ont complimenté sur ma tenue.  Le maître d’hôtel nous a photographié, Thérèse et moi, devant le trône siamois, pièce maîtresse de la décoration de la salle à manger «The King and I».

À demain.

5 juin, Mykonos :  8 000 ans d'histoire (et d'histoires?), un sol rocailleux et sec, sa couleur grise, nous dit Yolanda notre guide archéologue, vient du mélange de granit et de minerai d'argent réduits en poussière par l'érosion.   Les constructions uniformément blanches et cubiques à un ou deux étages doivent compliquer la vie des fêtards quand ils rentrent un temps soit peu éméchés.
Ici aussi, la guide nous a parlé de la crise et nous en avons vu les effets concrets :  comme à Kerkyra, nous avons vu de drôles de constructions ressemblant à nos stationnements couverts mais à un seul étage avec des tiges d'acier qui en sortaient sur le toit :  des constructions inachevées par manque d''argent, nous a expliqué Yolanda.  À Corfou elles sont restées gris béton, ici elles ont été peintes en vert pour avoir l'air moins abandonnées.
Ici aussi, le tourisme les sauve, on nous supplie de revenir et d'envoyer d'autres voyageurs.  Yolanda suggère même de venir louer, pas chère, une maison pour une semaine ou plus...c'est ça la Grèce de l'U. E., de l'Euro et des plans de sauvetage allemands.

6 juin, Le Pirée/Athènes : Grosse ville, pas spécialement jolie, mélange d'architectures classique ou quasi soviétique entrecoupées de magnifiques parcs ou bordées de plages à l'infini.  Nombreuses églises toutes bien entretenues  ou en voie de restoration.  Un peu partout, des espaces clôturés :  des fouilles archéologiques, causes de suspension ou d'abandon de divers projets suite à l'ìmportance des découvertes et à l'expropriation des lieux.  Beaucoup de locaux commerciaux vides et encore des constructions abandonnées. Les signes de la crise économique sont partout et le moral semble au plus bas.

Dans les commentaires de notre bavarde guide, on sent de l'amertume, la crainte du banditisme engendré par la misère et  l'agressivité envers les réfugiés musulmans arrivant par la Turquie, l'ennemi de toujours, qui les refoule vers la Grèce où ils s'ajoutent aux chômeurs; la Grèce, après l'Espagne, a le plus haut taux de chômage de l'Europe soit 37%, 41% en Espagne.  Il reste une impression d'un pays en dépression...et déprimant.
Déprimant, ce mot décrit bien mon impression de ma première visite au pays de mes ancêtres paternels.  Des paysages magnifiques mais gris comme l'humeur de ses habitants, sauf à Kerkyra la verte mais, elle aussi, déprimée.

(Thé ajoute : ce qui m'a particulièrement déçue, c'est de ne voir l'Acropole que de loin et d'en bas!  Il y a des travaux en cours.  Personne ne monte.  Espérons que les travaux sont vraiment en cours pour donner du travail à quelques privilégiés.)

7 juin, en mer :  Principales occupations de la journée :..., manger, faire la sieste, aller  chez Ben&Jerry, récupérer nos passeports, marcher dans le vent sur le pont 10 et faire du balcon. 
Demain, Dubrovnik.
En ce moment,nous quittons les eaux grecques; je ressens une certaine tristesse quand je pense à la situation de ce peuple jadis si fier et berceau de notre civilisation.  En même temps, je me dis qu'ils ont un peu couru après;  ils sont les champions de l'évasion fiscale, aucun magasin ne nous a remis de reçu de caisse sauf un...et les prix n'y sont pas imprimés ni la liste des marchandises achetées.  Qu'est-ce qui va apparaître aux livres, si livres il y a.  Ce sont tous de petits magasins à l'air éminemment temporaire qu'en restera-t-il une fois les touristes partis?  Dans un tel contexte, quel plan de sauvetage peut-il réussir?

8 juin, Dubrovnik, Croatie :  8 000 habitants permanents dans la vieille ville fortifiée, 1 000 000 de visiteurs par année; donc pas de touristes, pas de ville.  Des tonnes de boutiques dont deux pharmacies, l'ancienne, 700 ans est toujours en opération, et la nouvelle, seulement 103 ans.  L'ancienne sert de musée mais j'y ai acheté des pastilles plutôt bonnes. 
Une réplique d'un navire marchand du moyen âge, la Terina nous a amenés du Splendour au vieux port et à la vieille ville que nous avons visitée pedibus cum jambis.  Heureusement c'était le matin et la température n'était pas trop élevée.  La ville s'étend tout en longueur au pied d'une montagne assez haute qui forme la frontière avec la Bosnie-Herzégovine musulmane et serbe.  La Croatie, suite à une guerre et à l'écroulement de la Yougoslavie a retrouvé son indépendance en 1971 après 76 ans de domination Serbe, précédée de 700 ans d'indépendance sous l’œil bienveillant de Venise qui la protégea des Ottomans.
Nous avons acheté quelques babioles et la Terina nous a ramenés au Splendour.   Et   Demain, retour à Longueuil.  Fini le dolce farniente et la vie de pacha.

9 juin, aéroport de Venise :  Levés à 5h20, petit déjeuner à 6h10, avons dû quitter le navire à 8h00, la navette est arrivée à 9h30 et nous étions à l'aéroport à 10h20.  Marco Polo, aéroport international par où passe des millions de voyageurs... n'est pas équipé pour les recevoir.  À l'intérieur, peu d'espace et deux petits comptoirs  alimentaires dont une seul offre quelques tables.  Entre le débarcadère des autobus et les portes d'entrée, de longs bancs en béton sous un toit de plexiglas sont le seul confort offert aux captifs des horaires de vol; notre avion est à 16h30.  Pas le temps de retourner dans Venise, il faut être au comptoir d'enregistrement à 13h30.  Au moins après  un avant-midi nuageux et quelques gouttes d'eau, le soleil semble vouloir, timidement, se montrer.  Il est 11h25, la journée sera longue.
Autre horreur :  peu de W.C. Et la file devant les portes des toilettes des femmes s'étire sur plusieurs mètres.  Nous ne sommes quand même pas dans un aéroport du tiers monde! 
Mais, mais, une fois la sécurité passée, on trouve une vaste zone hors taxes, lumineuse et bien aérée avec des magasins que le tiers monde doit envier ou, à tout le moins, secrètement désirer.  Pas un siège pour y flâner autrement qu'en faisant du lèche-vitrines et nous avons plus que lécher les vitrines;  les colliers de céramique vénitienne étaient irrésistibles et abordables donc un pour chacune des femmes Costopoulos.  Après  tout, nous  n'avons pas épuisé le budget vacances et les vacances sont terminées.
L'avion a décollé à l'heure et même quelques minutes avant l'heure donc nous sommes en cage, à 40 000 pieds et pour 8 heures et 5 minutes nous a dit le commandant.
Juste avant de passer la sécurité, nous avons revu Sylvia et Barbara.  Ces deux respectables et infatigables dames vénérables, ô surprise, étaient poussées en chaise roulante, nous n'avons rien dit...mais la veille, .a Dubrovnik, elles galopaient sur le mur de fortification.  Évidemment, ça leur permettait de profiter du pré-embarquement.  Sûrement une idée de Sylvia Alias Sophia, des Golden Girls  cette hilarante sitcom des années 70-80.