Et cum spiritu tuo !
Juillet 1946, les combats armés ont cessé, la Guerre Froide commence. J'ai 15 ans, au lac Gémont, tout est paix et beauté. La nuit s'est installée. Pas de lune ... mais des myriades d'étoiles. Cette lumière bleutée et diffuse nous révèle des formes jamais vues auparavant. Quatre ou cinq verchères, cinq ou six adolescents efflanqués à leur bord respectif, sont immobiles sur le miroir de l'eau. Seuls, les bois-pourrie rompent le silence, chacune de leur vocalise saluant la fin d'un ennuyeux moustique.
L'abbé Séguin, homme plein de ressources, avait connecté un phonographe portatif à des accumulateurs de voiture et nous avait amenés sur le lac pour un concert sous les étoiles: au programme, ce soir là, la symphonie Pastorale de Beethoven. La musique fusa soudain. Les bois-pourrie cessèrent de chasser. Pas un son, sauf la musique. Troisième mouvement, allegro, la flûte imite un oiseau. À proximité de nos chaloupes, un huard répond, dans le ton. Trois fois il reprend la note avec le musicien.
Sensiblerie adolescente, peut-être, à cet instant, le lac, les chaloupes, la musique, l'oiseau, les étoiles, mes compagnons, moi-même, tout ne formait qu'une seule entité et Dieu était là, souriant. Nous étions la nature et l'éternité, en totale communion. Doucement, la musique s'est éteinte et, en silence, nous sommes rentrés au quai. Ce soir-là, la prière du soir n'avait jamais été chantée avec autant de ferveur. Pas un mot ne fut échangé avant de nous endormir.
Paul Costopoulos, lundi 15 mars 2010
Extrait, adapté et corrigé d’un texte de juillet 1998. Original rédigé en anglais.
Un portrait magnifique et poétique d'une soirée d'autrefois. J'ai senti que j'étais vraiment là, et écouter de la symphonie Pastorale de Beethoven dans le silence de cette nuit sous les étoiles.
RépondreSupprimerJe me souviens de cette soirée comme si c'était hier. Ce fut une expérience mystique comme nous avons peu souvent l'occasion d'en faire.
RépondreSupprimerRétrospectivement, je crois que ce soir-là j'ai compris le panthéisme de mes ancêtres helléniques,; cela m'a pris 60 ans à en prendre conscience.
Tout cela est très beau Paul. Très bien décrit et vécu, ce qui est plus important. Ils sont des sensation qu'on peut vivre toujours, mais à cet âge la, en tant qu'adolescent, tout semble comme un Eden.
RépondreSupprimersouviens de cette soirée comme si c'était hier. Ce fut une expérience mystique …rétrospectivement, je crois que ce soir-là j'ai compris le panthéisme de mes ancêtres helléniques; cela m'a pris 60 ans à en prendre conscience.
Wow Paul. THAT is great. We have to deepen that one day or another ! There is a place in Pompeii, Roman but originally Greek and in any case under Greek influence also later since close to Naples, called La Villa dei misteri, the Villa of Mysteries. They were the most ancient Hellenic mysteries, possibly Micenean, or even paleolithic, much before classical Athens. The Elusisian mysteries, of course.
http://longobardese.xanga.com/678086663/102-the-eleusinian-mysteries-at-pompeii-nella-sala-dei-misteri/
Look at that! Even just the paintings show a lot. People there experienced complex types of Greek panthéisme. Didn’t have time to do what I wanted to do, this link is better than nothing though.
Malheureusement ma chambre n'est pas encore tout a fait arrangée, ça me rends fou et pas encore capable de bien réfléchir. Il va passer bientôt j’espère.
Vale
Speed kills, so take your time.
RépondreSupprimerI know Paul, I know
RépondreSupprimerWhat a beautiful vision, Paul. Indelible in yur head.
RépondreSupprimerThanks you for sharing it.