samedi 19 mars 2011

Le génie

Beethoven (1770-1827)



Certains accusent Beethoven d’avoir composé de la “musique de sourd”.    D’accord, ce brillant musicien et compositeur n’a jamais entendu ses œuvres  après 1825.  Pourtant sa 9e symphonie et son illustre Hymne à la joie datent de cette période.  Un mystère de plus dans la vie de ce génie bourru, taciturne et, pour cause, renfermé sur lui-même…et capable d’amour, d’altruisme et de dévouement.   
Les biographes ne s’entendent même pas sur ses origines.   Certains le font descendre des kappelmeisters du duc archevêque Grand Électeur de Cologne et ils ont vraisemblablement raison.   Une chose certaine : il est né à Bonn donc il est allemand…mais Vienne lui a donné la célébrité et lui a permis de vivre, sinon richement, du moins décemment et de s’occuper adéquatement de la veuve et du fils de son frère, prématurément décédé.  Son neveu lui a causé bien des maux de tête : mauvaises fréquentations, tentative de suicide pour finir militaire et faire une belle carrière.  Sa belle-sœur lui a coûté cher d’avocat mais il a respecté les dernières volontés de son frère  et s’en est occupé jusqu’à la mort de cette dernière.  Voilà pour l’altruisme et le dévouement.
Beethoven a aimé et a vécu une peine d’amour intense, oui mais qui en fut l’objet?   Son célèbre Op.25 en La mineur pour piano solo, Für Elise, publié d’ailleurs 41 ans après sa mort, pourrait donner un indice.  Malheureusement, certains musicologues pensent que l’Opus était originellement dédié à Thérèse.  Le manuscrit original aurait été daté d’un 27 avril…mais il a été perdu.  La  Thérèse en question, selon Ludwig Nohl,  serait Thérèse Malfatti von Rohrenbach zu Dezza (1792-1851); seulement voilà, elle préféra marier un noble Autrichien Wilhelm von Drobdick en 1816.
Même sa mort fut l’objet de mystère.  Avait-il été assassiné à l’arsenic?  Le doute plana jusqu’en 2000 quand Russel Martin publia son Beethoven’s Hair tendant à démontrer que sa maladie et, même, sa surdité pouvaient être attribuées à l’empoisonnement au plomb causé par un usage régulier et prolongé de vaisselle, d’ustensiles et de gobelets en plomb.  L’œuvre décrit en détail comment, à partir d’une mèche de cheveux prélevée sur le cadavre et jalousement préservée et transmise à divers collectionneurs, une analyse à pu établir la cause du décès.  Préalablement, la mèche avait été authentifiée par des tests d’A.D.N. et un suivi exhaustif de ses pérégrinations.  Un vrai roman policier.
Chez-nous, Beethoven, que ma femme a appris à apprécier après avoir déjà jugé que sa musique n’était que du bruit, continue à vivre grâce à 18 LP33 tours et 28 CD dont une intégrale Karajan.  De Bruno Walter à Karajan en passant par Fritz Kreisler, Menuhin ou Yo Yo Ma, on trouve autant de Beethoven que d’artistes ou de conducteurs.  Les un nous font voir un compositeur très romantique et sentimental, d’autres, avec les mêmes œuvres, nous font voir le côté teuton du compositeur.
Que le vrai Beethoven se lève.
Paul Costopoulos, jeudi, 17 mars 2011